Le 18 novembre, le général du Vigier lance son Combat-Command 2 vers Delle. Malgré une résistance opiniâtre, nos troupes avancent de 30 km, aux portes de l’Alsace. La 1ère D.B. se lance en direction de Dannemarie-Chalampé. Dès 14 h l’escadron du R.I.C.M. du Colonel Le Puloch a l’honneur de prendre Seppois, le premier village d’Alsace que nous retrouvons.
Sur le sol alsacien, nos chars s’emballent, c’est la charge. Un détachement d’un peloton de tanks Sherman et d’une section du 1er Zouave fonce vers l’est : et c’est le Rhin ! « Quelques instants plus tard, le gros du groupement Gardy arrive à son tour, tous phares allumés dans la nuit maintenant tombée, et la batterie du capitaine Caire du 2° groupe du 68° Régiment d’Artillerie n’attend pas davantage pour envoyer joyeusement de l’autre côté du fleuve les premières salves qui tombent en Allemagne depuis 1940. »
Ah ! En cet instant -19 novembre 1944, 18h30- que de misères vengées ! En tête de toutes les armées alliées, la 1ère Armée Française est arrivée au Rhin.
Le matin du 20, » le C.C.3 va s’emparer de Mulhouse« , déclare son chef, le Colonel Caldairou. A 16h nos objectifs à la lisière de Mulhouse sont atteints. Avec l’aide efficace des F.F.I. le nettoyage se poursuit. Le plus pittoresque est l’arrivée de Caldairou, le colt au poing au centre de tri de la Feldpost où 20 postiers trient consciencieusement le courrier pendant que 60 dorment à l’étage, soit 80 prisonniers !
Dès l’aube du 21, les chars du groupement Gardy foncent vers l’Ill et la Doller et s’attaquent au quartier des casernes solidement défendu. La caserne Lefebvre résiste. Gardy pénètre dans la ville et se rabat vers l’ouest. Une contre-offensive d’un Kampfgruppe et d’une dizaine de chars à Battenheim attaque un détachement mixte du R.C.C.C. et du R.I.C.M. Mais elle échoue grâce à des zouaves appuyés des tanks Sherman venus de Baldersheim.
Le Maire de Mulhouse et le Préfet reprennent leurs fonctions à Mulhouse.
Le général Wiese essaie de reprendre la main par des offensives extrêmement violentes sur tout le front pendant 20 jours de batailles ininterrompues, mais les Allemands n’ont pas réussi à arrêter l’élan de libération de la Haute Alsace.
Pendant la même période, le 2ème Corps d’Armée, réduit à deux divisions (1ère D.F.L. et 3ème D.I.A.), couvrait à gauche la manœuvre du 1er Corps tout en s’emparant de Champagney et de Gérardmer. Le Général Brosset, commandant la 1ère D.F.L., trouvait la mort dans un malencontreux accident de jeep.
Plus au Nord, la 7ème Armée U.S., qui comprenait la 2ème D.B. française, poursuivait son offensive. La 2ème D.B. déboucha, le 22, par la trouée de Saverne et libéra Strasbourg le 23 novembre.
Du 25 au 29 novembre, une manoeuvre conjointe des deux corps d’armée français en direction de Burnhaupt conduisait à l’encerclement des forces ennemies restantes autour de Dannemarie.
La bataille de Haute Alsace a coûté 1 300 tués, 4 500 blessés, 140 disparus, 1 691 évacués pour gelures, 2 824 évacués pour maladies. L’ennemi a perdu 10 000 tués, plus de 120 canons, 60 blindés.
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* ) Le char Saint Cyr fut, le 8 mai 1945, le seul char survivant des cinq chars du 2ème peloton du 2ème escadron du 5ème RCA (1ère DB).