Écusson Rhin et Danube

En 1944, la libération de la France  de l’occupant nazi est loin d’avoir été une promenade de santé. En effet, le général Wiese commandait la 19° Armée allemande se composant de neuf divisions et de la 11° Panzer.

Après le succès allié du débarquement de Provence, il avait reçu l’ordre de se replier en combattant durement vers le seuil de Bourgogne et de le tenir afin d’assurer la retraite des troupes d’occupation du sud-ouest de la France, après avoir laissé des garnisons sacrifiées à Toulon et Marseille avec l’ordre de tenir jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière cartouche. D’après le général de Lattre, Weiss « connaissait bien son métier » et mena la vie dure à l’Armée « B » et à la 7° U.S. Army du Général Patch qui remontaient le Rhône et les Alpes. En février 1945, la Première Armée Française franchit le Rhin et, après de très durs combats, atteignit Ulm le 24 avril 1945.

Dès le mois d’avril, de Lattre avait décidé de créer un insigne symbolisant une des plus éclatantes campagnes de cette guerre, commencée  par le Rhin franchi et se terminant sur les rives du Danube, puis l’Autriche. Cette création avait plusieurs raisons d’être : reconnaître les mérites d’une armée permettant le renouveau de la France parmi les Grands, consacrer la réussite de l’amalgame entre l’Armée d’Afrique, les unités F.F.I. et les jeunes volontaires ayant rejoint de Lattre, maintenir le souvenir de la chaude camaraderie partagée à la Première Armée et de ceux qui s’étaient sacrifiés pour le succès de nos armes. C’était aussi une façon de se démarquer des « résistants de la dernière heure » !

Au lendemain de la libération de Colmar, le 10 février 1945, la municipalité avait décidé, unanimement, de conférer à la Première Armée le droit de porter le blason de la ville. Le 21 avril, une maquette fut proposée par Gérard Ambroselli, artiste et officier maquettiste de l’état-major et approuvée par le général de Lattre; elle ajoutait aux couleurs de Colmar et à l’or  de la masse d’arme quelques lignes bleues symbolisant en plus des flots du Rhin et du Danube, ceux de Saint-Tropez rappelant le courage des soldats qui débarquèrent le 15 août 1944.

Ecusson

Ecusson (Cliquez pour agrandir)

Le général demanda à l’officier maquettiste de lui présenter pour le lendemain à 17 heures quelques exemplaires brodés sur tissu. L’officier, fort préoccupé, alla trouver le bourgmestre de Karlsruhe, où se trouvait le quartier général, et lui imposa cette réalisation, menaçant la ville d’une forte amende. Le 22 à 17h, les brodeuses souriantes, qui avaient travaillé toute la nuit, présentèrent des petits chefs d’œuvre de broderie. On passa donc une commande de 100 000 pièces à une maison spécialisée de Saint-Étienne. Malheureusement, les ouvriers venaient de commencer une grève. Toutefois ils regagnèrent leurs métiers en apprenant que ce travail était destiné à la 1ère Armée. Livraison fut faite le 18 juin.

Porter cet insigne, durant toute notre vie militaire, cousu en haut de l’épaule gauche, fut toujours ressenti comme un très grand honneur. Les Américains disaient avec fierté : « J’étais avec Patton ! »
Les porteurs de l’insigne disent : « J’étais avec de Lattre ! ».

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