Les aumôniers militaires : ces héros oubliés

L’Aumônerie Protestante aux Armées nous donne comme suit le statut des aumôniers militaires de toutes religions: Toute personne qui sert son pays dans nos forces armées doit pouvoir pratiquer sa religion là où le devoir l’appelle, tous les cultes étant traités sur un même pied d’égalité. Les aumôniers militaires doivent permettre au commandement de prendre en compte dans son action les usages religieux des militaires placés sous ses ordres. Ils le renseignent aussi sur l’état du moral et participent ainsi à la cohésion de l’unité. Ils soutiennent le combattant dans sa dimension spirituelle, sur le plan religieux et, si le cas survient , de quitter ce monde en accord avec ses convictions. Les aumôniers des différents cultes assistent, s’ils le désirent , les militaires de toutes confessions sur le plan spirituel, avec le refus du prosélytisme auquel ils se sont engagés en devenant aumônier militaire.

Les religieux ayant opté pour le statut de non-combattants sont protégés par les Conventions Internationales de Genève, à l’égal du personnel du Service de Santé, auquel ils étaient administrativement rattachés. Les autres religieux, incorporés dans les unités combattantes, étaient considérés comme soldats. C’était le cas au sein de la Brigade Indépendante Alsace Lorraine (BAL) surnommée La Brigade très chrétienne du Colonel Berger (alias André Malraux) en raison du nombre de prêtres et de pasteurs qui la composaient, parmi lesquels les abbés Moret, lieutenant, Roncon, commandant de Cie., Duffaut à l’État-Major.
Au départ la B.A.L. comportait deux aumôniers catholiques, les Pères Pierre Bockel et Bonnal, et deux protestants, les pasteurs Paul Weiss, griévement touché à la gorge par un éclat d’obus de mortier lors des premiers engagements dans les Vosges et Fernand Frantz.
La Brigade d’Alsace-Lorraine était “Indépendante” car non-endivisionnée et à la disposition du chef de la Première Armée. Ses membres tous volontaires ayant signé pour la plupart un engagement jusqu’à la libération de l’Alsace et de la Lorraine. D’autres jusqu’à la fin de la guerre contre l’Allemagne. Ces derniers, à la dissolution de la Brigade Alsace-Lorraine lors de la Libération du sol français, formèrent la 3ème Demi-Brigade de Chasseurs, incorporée à la 14ème Division d’Infanterie. Les aumôniers en étaient l’abbé Pierre Bockel, futur Monseigneur archiprêtre de la cathédrale de Strasbourg “Juste parmi les Nations” et le Pasteur Fernand Frantz, ancien de Rhin et Danube, (qui a bien voulu nous donner les éclaircissements ci-dessus.)
Il y avait à la Première Armée Française un aumônier par division. Leur rôle était primordial pour le moral des troupes et leur action auprès des blessés depuis les postes de secours jusqu’aux hôpitaux. Certains estimaient que leur place était en première ligne, au coeur des combats, pour apporter leur précieux réconfort aux mourants et sauver des blessés : cet article a été rédigé pour leur rendre hommage. Mais c’est avec de grandes difficultés que nous avons retrouvé quelques noms.
Nous n’aurons garde d’oublier ces héros, même inconnus de nous : les Abbés Bonnal, Casta, Charrière Jacques, Clément Maxime, Crosia Jean, Decerle Claude, Fachinger Edmond, Fournel Jean, Houchet aumônier de la 2ème D.B. depuis l’Afrique jusqu’à Strasbourg où il fut tué, Jarraud Louis, Laudrain prestigieux aumônier du 23ème Régiment d’Infanterie Coloniale, Leduc Joseph, Maniglier, Martinon Jean, Mingam Aimé, Pézeril Daniel, du Rivau Jean, Salaun Julien, Sepralda, Seynhaeve Pascal de la 14ème Division d’Infanterie du Gers. Les Pasteurs Bernel André, Bockel Pierre, de Cabrol Hugues futur directeur de l’Aumônerie Prostestante, Cadier Albert, Chatonay, Cook Robert, Forissier, Frantz Fernand futur directeur de l’Aumônerie Protestante de l’Armée de terre,  Pau -Weiss, Sturm … et tant d’autres.

Une chance : l’Aumônerie Générale Protestante nous a permis de retrouver à Toulouse le dernier survivant des aumôniers protestants de la Première Armée Française – Rhin et Danube: le Pasteur Fernand Frantz. Ce fut une réelle joie de pouvoir lui parler et correspondre avec lui. Et quelle splendide et émouvante citation le concernant : “Aumônier de la Brigade Alsace Lorraine, a été pour les commandos participant à l’attaque de Dannemarie les 26 et 27 novembre 1944, un magnifique exemple d’encouragement par son intrépidité et son sang-froid, suivant la progression en premières lignes et secourant les blessés.”
Général de Vernejoul, commandant la 5ème Division Blindée.

N’oublions jamais ces paroles du Père Lacoin, un trappiste, aumônier des fusiliers marins à Bir Hakeim, répondant au capitaine Bourdis qui lui réclamait des absolutions pour trois hommes mortellement blessés : “Ne vous en faites pas, mon vieux, cette nuit ( l’évacuation victorieuse de Bir Hakeim), tous les morts montent au paradis !”.

Nota 1: L’aumônerie israélite n’a pas répondu à nos demandes.
2 : Dans les unités de spahis, tabors, tirailleurs le culte musulman était assuré par un “ancien” faisant office d’aumônier.

PHOTOS : Malheureusement, nous n’en avons que trois : Mgr Pierre Bockel,

L’abbé Bonnal (à gauche sur la photo),  le Pasteur Fernand Frantz (à droite), futur directeur de l’Aumônerie Protestante de l’Armée de Terre

 

Le Père François CASTA

Prestigieux aumônier de la Première Armée Française depuis le débarquement de Provence qu’il avait rejoint après son engagement dans la Résistance.
Il était titulaire de 10 citations, dont l’une du Journal Officiel de 1945 rapportait : “Au cours de la Campagne d’Alsace, est très grièvement blessé après avoir personnellement exploré de jour et de nuit un champ de mines où étaient signalés des blessés et les avoir ramenés au prix de risques considérables.”
Breveté Parachutiste n°20755 le 10/04/1947, il s’illustrera ensuite comme aumônier dans des Unités Parachutistes en Indochine et en Algérie.
En 2004, il est décoré de la Grand Croix de la Légion d’Honneur par le Président Jacques Chirac dans la cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides. En 2006 il rejoindra l’Institution des Invalides à Paris jusqu’à son décès le 23 août 2011.

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