Le Génie

Insigne du Génie

Le Génie est une arme d’appui chargée, dans sa branche combat, de favoriser la mobilité des forces amies et d’entraver celle de l’adversaire. Il était également un service chargé de l’infrastructure et du domaine militaire, activité qu’il a transféré, en septembre 2005 au Service d’Infrastructure de la Défense.

Dans la Première Armée Française, le Génie figurait pour 20 bataillons, ce qui avec les bataillons de pionniers et les unités diverses qui lui étaient généralement affectés en renforcement représentait environ 20 000 hommes.

Les Moyens du Génie

1) Le matériel de déminage

Le matériel de déminage était constitué de sondes (pouvant être remplacées par des baïonnettes) pour la détection en l’absence de détecteur électronique, de jalons et de tresses permettant de repérer la zone traitée.

Déminage à la sonde

Déminage à la sonde (Cliquez pour agrandir)

Le détecteur SCR – 625 (Set Complete Radio – 625) détectait les mines métalliques enfouies entre 15 et 30 centimètres de profondeur. En raison de l’aspect de son disque d’exploration, il était surnommé « la poêle à frire ».

Recherche avec le SCR-625

Recherche avec le SCR-625 (Cliquez pour agrandir)

2) Les bateaux d’assaut

En dehors des bateaux pneumatiques de différents modèles, ils comprenaient les Storm boats et les bateaux M2.

Le Storm boat était un bateau rigide, à carène renforcée; muni d’un puissant propulseur hors-bord situé loin de la poupe, il traversait les cours d’eau à 45 km/h et s’échouait  «dans la foulée» sur les rives non abruptes en éjectant quasiment ses  six passagers sur la rive ennemie.

StormboatLes bateaux M2, à fond plat, étaient construits en contre-plaqué. Les plats-bords comportaient des poignées facilitant la prise et le transport à main (poids 185 kg) et des emplacements de brochage permettant l’assemblage de deux bateaux poupe à poupe et la pose d’éléments de travure  (voir ci–dessous  les portières et pont US DI M2 ).
Un bateau permettait le transport de 15 hommes équipés, navigation à la rame.
Deux  bateaux couplés permettaient le transport de 21 hommes équipés, navigation à la rame ou au propulseur.

Portage du bateau M2

Navigation du bateau M2

3)  Le compresseur LE ROI 210 G1 sur camion GMC

C’était l’outil à tout faire du Génie. Le compresseur fournissait 6 000 litres d’air par minute à la pression de 7kg/cm2 permettant de faire fonctionner, individuellement ou simultanément selon leur consommation d’air, un important lot d’outils pneumatiques :
1 marteau perforateur, 2 brise béton, 2 marteaux piqueurs pour les travaux de déroctage et de démolition ;
1 scie circulaire, 1 perceuse à bois, 1 marteau à clouer, 1 scie à chaine pour le découpage des abattis sur les itinéraires forestiers, les travaux de charpente et d’organisation du terrain.

Poids en charge : 6 500 kg ; Classe 8 OTAN; vitesse de déplacement 80 km/h. Il remplaça, en fin de conflit et après la seconde guerre mondiale, le LE ROI 105 GA qui ne débitait que 3 000 litres d’air par minute.

Compresseur Leroi

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4) Le Bulldozer CATERPILLAR

C’était aussi un outil merveilleux pour le Génie. Les Français, qui n’en avait jamais vu à l’époque, le découvrirent avec étonnement au moment du débarquement.
Le général Patton aurait dit, en Italie : « Mes unités avancent à la vitesse des bulldozers du Génie ». En effet, celui que l’on nommait, par abréviation, le  Bull était d’abord l’outil qui ouvrait la route ; muni de sa pelle avant, il comblait les entonnoirs, déblayait les gravats dans les cités détruites, aménageait les rampes d’accès aux ponts provisoires, déneigeait au besoin. Avec sa force  de traction de 70 tonnes (pour les plus puissants de l’époque) il pouvait tirer les chars et véhicules bloqués; muni à l’arrière de son scarificateur à dents (rooter)  il pouvait labourer et aplanir le sol pour réaliser des aires de stockage, plateformes de pistes ou de bâtiments. Certains avaient un blindage de protection du conducteur et l’on créa  des  Tankdozers  à  partir  du char moyen   SHERMAN ,  dont  le  rendement était bien moindre que celui du bulldozer en raison du poids du char.

Bulldozer déneigeant

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5) Les  portières et le pont US DI M2

Les bateau M2 étaient engerbés par 7 sur la remorque ad-hoc. Les éléments de travure, en  contre-plaqué renforcé, transportés par des GMC classiques, permettaient la construction de  portières, de passerelles d’infanterie et de ponts flottants.
La portière est un morceau de pont flottant muni  de deux rampes d’accès pouvant naviguer d’une rive à l’autre à l’aide d’un ou plusieurs propulseurs.

Les portières M2 comportaient 3, 5 ou 7 bateaux composés ; elles couvraient, selon le nombre de bateaux et la vitesse du courant, les classes allant de 2 à 13.
Une quarantaine de sapeurs entrainés pouvait construire, de jour, en 45 minutes, sans moyens mécaniques, une portière de 3 bateaux composés avec ses supports de rive (le matériel étant, au préalable déchargé, les rives et accès aménagés).

Le pont US DI M2 était composé de plusieurs portières assemblées ; il couvrait les classes 8 à 12 . Une quarantaine de sapeurs entrainés pouvait (dans les mêmes conditions que ci-dessus pour les portières) construire un pont de 50 mètres de classe 8 en moins de 90 minutes. Le pont était amarré aux rives ou ancré pour résister au courant.

Portiere-M2-2

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6) Les portières et le pont US DB M2 ou TREADWAY

Le matériel US DB M2 était prévu pour le passage des engins lourds et des chars des divisions blindées.
Il se composait essentiellement de flotteurs pneumatiques équipés de semelles de répartition (poids total 440 kg) et d’éléments de chemin de roulement en acier (1066 kg) .
Sa mise en œuvre nécessitait l’emploi de camions spéciaux, les BROCKWAY qui assuraient le transport d’une partie du matériel et sa manutention à l’aide de leur portique de levage arrière.
L’unité de pont était constituée de 24 véhicules dont 12 camions BROCKWAY. Elle transportait le matériel nécessaire pour la construction de 4 portières ou de 85 m de pont flottant classe 50 (ou 50 m de pont flottant et 35m de pont sur chevalets).

Une section du Génie pouvait construire une portière de 4 à 6 flotteurs en 3 à 4 heures. La portière à 5 flotteurs pouvait transporter un char moyen SHERMAN sur un cours d’eau de courant inférieur à 2 mètres par seconde.
Deux sections  pouvaient construire un pont flottant de 50m en 4 à 5 heures.
Le TREADWAY avait une voie de 3m, 30 entre deux éléments de chemin de roulement ; le
passage de véhicules de voie plus faible nécessitait la mise en place d’éléments de travure
M2 entre les chemins de roulement.

Treadway

Treadway (Cliquez pour agrandir)

Treadway et Brockway

Treadway et Brockway (Cliquez pour agrandir)

7) Le pont BAILEY

Dérivée d’un  matériel  anglais,  lui- même  inspiré  des ponts  Eiffel  français, la version américaine US M1 était un véritable Meccano dont les pièces les plus lourdes pouvaient, après déchargement, être manipulées à bras pour constituer deux poutres latérales reliées par des pièces de pont. Il permettait des portées de 9 à 64 mètres en voie de 3 m, 28.
Les poutres latérales étaient constituées de panneaux élémentaires (202 kg) portés par 4 ou 6 hommes à l’aide de barres de portage. Les pièces de pont (272 kg) étaient portées, de  la même manière, par 6 hommes et supportaient le tablier.
Le  principal  atout   consistait à pouvoir faire  varier  la classe  du  pont en jouant sur le nombre et la constitution des poutres élémentaires composant chaque poutre latérale. Pour  désigner  chaque type de pont, on associait par deux les mots « simple »,« double  », « triple »; le premier  mot indiquait le  nombre de poutres élémentaires juxtaposées en bas de  chaque poutre  latérale,  le  second le  nombre  de  poutres  élémentaires  surmontant les précédentes. Sept combinaisons étaient donc possibles.
A titre d’exemple,  un  pont   de 35 m  de long  de classe 50 permettant  le passage  du  char Sherman sans risque devait être un D D  ( Double  Double  soit  2  poutres  élémentaires juxtaposées  sous deux poutres élémentaires les surmontant). Il pouvait être construit  par deux sections en 7 heures environ, y compris la préparation du chantier,  les matériels étant déjà déchargés.
Le pont était  construit sur des rouleaux permettant de le pousser au- dessus de la brèche ; il était muni d’un « avant-bec »  allégé et relevé destiné à éviter son basculement dans le vide, le pont en cours de construction faisant contrepoids. Le pont étant à sa place, il était mis sur appuis définitifs  après enlèvement des rouleaux.
Tout ce qui précède relevait de l’emploi normal mais il existait des emplois spéciaux faisant appel  à des matériels  non compris dans l’unité de pont,  tels  que  ponts  de chemin de  fer à tablier supérieur,  ponts  à voie double,  ponts et portières sur supports flottants, piles de pont, pylônes, etc…
Les  ponts  Bailey ont encore été d’une grande utilité après la guerre  pour remplacer les nombreux ouvrages détruits par l’occupant au cours de son repli.  Certains sont restés longtemps en place jusqu’à la reconstruction définitive.

Pont Bailey à Caen

Lancement d'un Bailey Double Simple par le Génie US à Caen. On remarque l'avant-bec qui va atteindre le premier support intermédiaire construit avec le même matériel. (Cliquez pour agrandir)

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