Charles Joseph André Marie de Gaulle est né à Lille (Nord) le 22 novembre 1890. Il fera ses études chez les Frères des Écoles Chrétiennes puis chez les Jésuites, puis la « prépa. » de Saint-Cyr au prestigieux collège privé Stanislas à Paris. Il rejoint Saint-Cyr en 1908 d’où il sortira 13ème en 1912. Il choisit l’Infanterie et est affecté au 33ème Régiment d’Infanterie commandé par le Colonel Pétain.
Lieutenant en 1913, capitaine en 1915, deux fois blessé, il est nommé adjoint au commandant du 33ème R.I. Le 2 mars 1916, lors des combats de Douaumont, il est blessé et fait prisonnier. Il fera six tentatives d’évasion et sera libéré par l’armistice de 1918. Il reçoit la Légion d’Honneur en 1919 et la Croix de Guerre avec étoile de bronze.
De 1919 à 1921, il participe à la formation de la nouvelle armée polonaise luttant contre l’Armée Rouge. A son retour de Pologne il est professeur d’histoire à Saint-Cyr puis est admis en 1922 à l’École supérieure de guerre.
Il épouse le 7 avril 1921 Yvonne Vendroux dont il aura trois enfants : Philippe, Élisabeth et Anne.
En 1925, il est affecté à l’état-major du Maréchal Pétain, alors Vice-Président du Conseil Supérieur de Guerre. Chef de Bataillon en septembre 1927, il est nommé commandant du 19ème Bataillon de Chasseurs à Pied à Trêves (Allemagne). De 1929 à 1931, il passe deux ans à Beyrouth (Levant) puis est affecté au Secrétariat général de la défense nationale à Paris. Promu Lieutenant-Colonel en 1933. Il publiera ses idées militaires dans ses premiers livres La Discorde chez l’Ennemi (1924) Le fil de l’épée (1934) Vers l’Armée de métier (1934) La France et son Armée (1938).
André Malraux dira que de Gaulle pouvait être « un homme d’avant-hier capable d’être l’homme d’après-demain », ce qu’il a montré en tant que théoricien de l’Arme blindée. L’Etat-Major français n’en a tenu aucun compte, contrairement au général Guderian, créateur de la force mécanique allemande. En juillet 1937, il est affecté au 507ème Régiment de Chars de Combat. Il sera nommé Colonel le 25 décembre 1937.
A la déclaration de guerre en 1939, il est commandant du 507ème RCC. Le 11 mai 1940 lui est confié le commandement de la plus grande unité de chars de l’époque la 4ème DCR, avec laquelle il réussira à bloquer l’avance allemande à Montcornet le 15 mai. Le 25 mai 1940, il est nommé général de brigade à titre temporaire et le 28 fait 400 prisonniers allemands lors de l’opération d’Abbeville.
Le 26 juin il est appelé à Paris par Paul Raynaud , président du conseil, qui lui confie dans son ministère le poste de sous-secrétaire d’état à la Guerre et à la Défense Nationale. Le 9 juin il rencontre Churchill à Londres pour lui demander d’envoyer en France toute sa force aérienne, ce qui sera refusé et permettra à Churchill de gagner « la bataille d’Angleterre » quelques mois plus tard contre la Luftwaffe, sauvant l’Occident de la tyrannie nazie.
A son retour de mission à Londres, il apprend à Bordeaux que Raynaud est remplacé par le Maréchal Pétain qui demande l’armistice. Il reprend l’avion pour Londres d’où partira l’appel du 18 juin : « La France a perdu une bataille, mais la guerre sera gagnée avec l’aide des alliés ! »
Il est condamné à mort par un tribunal de Vichy pour désertion le 2 août 1940. Il a en Grande-Bretagne le soutien non seulement de Churchill, mais celui du Parlement, de la presse et de l’opinion publique. : « Quand les journaux de Londres annoncèrent que Vichy me condamnait à mort et confisquait mes biens, nombre de bijoux furent déposés à Carlton Gardens (Bureaux F.F.L.) par des anonymes et plusieurs douzaines de veuves inconnues envoyèrent l’alliance de leur mariage afin que cet or pût servir à l’effort du Général de Gaulle. » (Mémoires. Pléiade, page 89 )
De Gaulle forme puis dirige les « Français Libres ». Il veut créer un contre-état avec toutes les marques de souveraineté et de légitimité, avec une armée spécifique et comme bases territoriales les pays ralliés de l’Empire. Avec de faibles moyens, il réussit à rallier le Tchad, le Cameroun, le Congo, l’Oubangui, le Gabon, Les Établissements français de l’Océanie et de l’Inde, Saint Pierre et Miquelon, les Nouvelles Hébrides et la Nouvelle Calédonie. En mai 1943, il crée à Alger le Comité français de libération nationale. Après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, il avait été prévu par nos alliés l’AMGOT, administration provisoire de la France, avec monnaie spéciale. Mais l’accueil triomphal fait à de Gaulle en Normandie lors de sa première visite emportera ce projet et le général organisera sans tarder une administration française sur les territoires reconquis. Les grands chefs militaires qu’il avait su reconnaître lui apporteront par leurs succès la victoire politique avec les victoires militaires.
Cette biographie s’arrête à 1945, mais ses combattants continueront à l’aider lors de la reconstruction de la France au cours des années suivantes, car il leur a permis de vivre pour le renouveau du pays une aventure extraordinaire et enthousiasmante en redonnant à la France « son épée, son prestige et son rang« . Et la tâche sera rude avec ses idées modernes : l’exigence de la décolonisation, le vote des femmes, l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, la volonté de doter la Nation d’une République capable de donner à l’État une structure institutionnelle assez solide pour corriger l’incorrigible division des français…
Parmi les plus grands chefs militaires de l’humanité, seuls César, Churchill et de Gaulle ont fait et écrit l’histoire. Le Général de Gaulle a été un grand écrivain et nous terminerons par cet extrait si émouvant et magnifique, le dernier paragraphe de l’Appel : « Penché sur le gouffre où la patrie a roulé, je suis son fils, qui l’appelle, lui tient la lumière, lui montre la voie du salut. Beaucoup, déjà, m’ont rejoint. D’autres viendront, j’en suis sûr ! Maintenant, j’entends la France me répondre. Au fond de l’abîme, elle se relève, elle marche, elle gravit la pente. Ah ! Mère, tels que nous sommes, nous voici pour vous servir ».
Le Général de Gaulle s’est éteint le 9 novembre 1970 à Colombey-les-deux-Églises où il est inhumé.
Son testament précisait qu’il ne désirait à titre posthume ni grade, ni distinction.
La 157ème Promotion de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr a choisi de l’honorer en prenant son nom.