Paris libéré par la 2ème D.B. le 23 août 1944

Comment se fait-il que les 14 500 hommes formant cette fameuse division -la 2ème D.B.- aient réussi à lui donner ce renom démesuré et mythique, cette place, cette reconnaissance dans la mémoire de la France ?

C’est d’abord l’œuvre de son glorieux chef le Général Leclerc, lequel, bien avant les combats de France, s’était rendu célèbre en Afrique où avec des moyens disparates, des effectifs sommaires, un armement des plus réduits, il avait formé des colonnes franchissant des distances incroyables dans le désert, capable de prendre Koufra aux Italiens, avec un seul canon, de s’imposer au Fezzan, puis rejoignant la 8ème Armée de Montgomery et participant à la victoire de Tunisie. La camaraderie de ses valeureux soldats était exceptionnelle ; ils avaient avec leur chef fait le serment de Koufra :  « Nous n’arrêterons pas le combat avant de voir flotter nos trois couleurs sur la cathédrale de Strasbourg ». Ils ont combattu pendant quatre ans derrière le Général de Gaulle.

Lors du réarmement par les Américains au Maroc, Leclerc aurait voulu conserver le nom de sa division « 2ème division française libre » mais on transigea pour « 2ème division blindée » appartenant à l’Armée « B ». Son but fut alors de faire transporter sa division en Angleterre afin de débarquer dans le nord de la France et le général de Gaulle était bien d’accord pour que des soldats français libèrent Paris.

Le commandant suprême Eisenhower en accepta l’idée. L’entraînement alla bon train en Grande Bretagne où Leclerc se lia d’amitié avec George Patton, ce qui lui valut d’embarquer le 30 juillet au lieu du 20 août prévu, comme division de la 3ème Armée. Il participera dès le 9 août aux combats de la Poche de Falaise.

Dès le 19 août, Paris était en plein soulèvement, mais les plans alliés étaient de contourner Paris au nord et au sud, préférant transporter en priorité carburant et munitions plutôt que les 4 000 tonnes de ravitaillement nécessaires aux Parisiens. Le 21 août, de Gaulle demande à Eisenhower de lancer Leclerc sur Paris. Par chance, le gouverneur militaire allemand de Paris le Général Choltitz ne désirait pas attacher son nom à la destruction de Paris envisagée par Hitler, conforté dans cette idée par le Consul Général de Suède Raoul Nordling dont le rôle fut essentiel.

Barricade improvisée sur un pont de Paris
Barricade improvisée sur un pont de Paris (Cliquez pour agrandir l’image)

Le 21 août, Leclerc décide de passer à l’action. Il donne au Lieutenant-Colonel de Guillebon l’ordre de constituer un petit détachement de 150 hommes avec dix automitrailleuses et dix chars, avec mission de foncer sur Paris. Il prit un Piper-Cub (avion de reconnaissance et de liaison) pour aller au quartier-général du général Hodges et dans l’après-midi du 22, le général Bradley vint lui annoncer qu’Eisenhower avait (enfin) décidé d’engager la 2ème DB pour libérer Paris.

Un officier prisonnier agite une étoffe blanche pour faire cesser le feu par ses compatriotes
Un officier prisonnier agite une étoffe blanche pour faire cesser le feu par ses compatriotes (Cliquez pour agrandir l’image)

Le général Choltitz disposait de 5 000 hommes, d’une cinquantaine de canons, d’une compagnie de chars et de 60 avions au Bourget, mais la résistance allemande fut sporadique. Choltitz signa la capitulation le 25. Le général de Gaulle arriva dans l’après midi du même jour et après avoir rencontré Leclerc alla s’installer au Ministère de la Guerre, puis rendit visite à l’Hôtel de Ville. Enfin ce fut la descente triomphale des Champs Elysées le 26 avec Koenig et Leclerc, dans l’enthousiasme d’une innombrable foule.

La population parisienne a eu 1 483 tués et 3 467 blessés, les Allemands 2 788 tués et 4 911 blessés, et la 2ème DB 130 tués et 319 blessés à Paris, mais l’avance sur la capitale a coûté 71 tués, 225 blessés, 35 chars, 6 canons automoteurs dans de durs combats à Longjumeau, Massis, Wissous et au carrefour de la Croix-de-Berny.

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