Joseph de Goislard de Monsabert : un chef alliant la rigueur de la tradition à la jeunesse de caractère d’un saint cyrien.
Dans son “Histoire de la 1ère Armée” (édition Plon) le Général de Lattre écrit : “Dès la décision prise d’attaquer Toulon, je convoque mes deux divisionnaires de pointe pour leur donner les instructions préparatoires, mais en ont-ils besoin avec deux pur-sang comme Brosset et Monsabert. Après Brosset, en chemise et short anglais, le second, petit, râblé, immuablement fidèle à la tenue française des officiers généraux, a l’allure d’un cadet de Gascogne, tous les deux bouillonnant de dynamisme et ayant hâte de conduire leur division au combat, comme ils en ont l’habitude, c’est à dire comme des sous-lieutenants, mais des sous-lieutenants qui connaîtraient à fond le métier de général.”
Né le 13 juin 1887 à Libourne. Saint-Cyr en 1907. Ecole Spéciale Militaire en 1908, promotion “Maroc”. De Monsabert finira la guerre 1914/18 par le commandement du 9ème Régiment de Marche des Zouaves, avec Croix de Guerre et 7 citations.
Lors du débarquement américain en Afrique du Nord en 1942, il est commandant de la 5ème Brigade d’Infanterie d’Afrique et s’engage pour faire cesser les combats. A la tête de la 3ème D.I.A. , il participera aux combats contre les Allemands en Tunisie. De novembre 1943 à juillet 1944, sa division est engagée en Italie et s’illustre par la prise du Belvédère.
Cinq jours après le débarquement de Provence du 15 août 1944, après l’enveloppement de Toulon, il fonce sur Marseille et de Lattre écrit: “A certains moments, la difficulté est de faire avancer ses troupes. Mais à d’autres, elle est de les retenir.” Le 23 août le colonel Chappuis, à l’avant-garde, malgré les ordres, se laisse aspirer par la foule jusqu’à la Canebière. Monsabert s’installe au Quartier Général de la 15ème Région Militaire au coeur de la ville et au beau milieu du dispositif ennemi. Marseille est libérée le 28 août et de Lattre enverra son célèbre télégramme au Général de GAULLE : “Dans le secteur de l’Armée “B” , aujourd’hui J+13, il ne reste plus un Allemand qui ne soit mort ou captif.”
De même que l’U.S. ARMY nous considéra dès le début comme des citoyens américains pour nos approvisionnements au combat, nous ne fîmes jamais de différence entre nous, comme le montre le récit ci-après sur la mort du chauffeur du Général de Monsabert : “…Dans quelques instants, il (le général) va mettre le pied sur le sol de la patrie, un instant sacré. Son chauffeur berbère, le fidèle Manceur, aussi ému que lui, se permet une pudique familiarité et s’exclame: “Mon général, à partir d’aujourd’hui, vous et moi, c’est à la vie, à la mort.” Comme tout officier de l’Armée d’Afrique, Montsabert sait parfaitement ce que signifie l’hommage lige spontané et désintéressé que lui offre un soldat musulman. Il ne sait pas encore qu’au bout de 100 mètres en terre de métropole le chauffeur sera tué net, victime d’une attaque aérienne. Le vieux général se sent alors obligé de s’isoler un instant pour pleurer la mort d’un modeste tirailleur.”
Passage tiré du livre “Le débarquement de Provence” par Philippe Lamarque (edition Cherche-Midi).
Commandant le 2ème Corps d’Armée, de Monsabert s’emparera de Stuttgart et sera le premier commandant en chef de la zone d’occupation des troupes françaises en Allemagne.
Il quittera l’armée le 30 septembre 1946 et sera élu député des Basses Pyrénées de 1951 à 1955.
Il meurt le 13 juin 1981 laissant le souvenir d’un homme de contact, sachant conquérir prestige et confiance auprès de ses hommes au combat.
Il était Grand Croix de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération, et Parrain de la 169ème Promotion de Saint-Cyr (1982-1985)