Dans son Histoire de la 1ère Armée Française, le Maréchal de Lattre de Tassigny écrit : « Aux colons, aux Français d’A.F.N. et de Corse, viennent s’adjoindre , par un courant ininterrompu, les évadés de la métropole. Ils sont 20 000 de tous les âges et de toutes les origines qui, laissant leurs familles à la discrétion de l’ennemi et de ses collaborateurs, déjouant les contrôles, franchissant les Pyrénées hostiles, finissent par atteindre l’Afrique, non sans avoir le plus souvent connu de longs mois de misère dans les camps espagnols de concentration. »
L’organe de la Fédération Nationale André-Maginot, « la Charte » de décembre 2014 présente un dossier « Les évadés de guerre par l’Espagne ». Son auteur J.C.B. Montagné nous dit : « … plus de 20 000 Français sont venus volontairement , en prenant d’énormes risques. Deux fois autant de jeunes furent pris par les Allemands avant de rejoindre les Pyrénées. Presque tous ont péri dans les camps nazis .
L’Espagne, affamée par le blocus allié, finira par accepter de les échanger contre des cargaisons de vivres et autres. On disait qu’un prisonnier était échangé contre deux sacs de blé ! « Ainsi deux bateaux firent la navette entre Casablanca et la péninsule ibérique : les navires Gouverneur général Lépine et Sidi Brahim portant marchandises du sud au nord et hommes du nord au sud. » Il faut mentionner l’obstination admirable de Mgr Boyer-Mas, à la délégation de la Croix-Rouge à Madrid pour parvenir à savoir où étaient les prisonniers français.
Sur 23 000 hommes et femmes qui parvinrent à s’évader par l’Espagne, 19 000 volontaires prirent les armes ; 9 000 Évadés de France perdirent la vie en combattant. Cette minorité de 19 000 hommes motivés mérite de ne pas être oubliée. »