“Sur ces pentes des Vosges, dans cette Plaine d’Alsace, par haute neige et vingt degrés sous zéro, des soldats de France, d’Afrique, et des États Unis d’Amérique, amalgamés dans la Première Armée Française sous les ordres du Général de Lattre de Tassigny, forcèrent la victoire dans les luttes acharnées de la Bataille de Colmar, du 20 janvier au 9 février 1945.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, durant laquelle Sigolsheim fut malheureusement entièrement détruit, le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, à la suite d’un souhait exprimé par le Maréchal de Lattre de Tassigny et par l’Association Rhin et Danube, se proposait de regrouper les corps des héros militaires de la Première Armée Française en un endroit où les engagements avaient été les plus meurtriers.
Sigolsheim répondait à ce critère, d’autant plus qu’à partir du 6 décembre 1944 jusqu’au 9 février 1945, jour de la libération de Colmar, ce village était de jour comme de nuit, le lieu de combats d’infanterie, d’artillerie, de chars et même de bombardements aériens.
Le conseil municipal de Sigolsheim se réunissait le 20 juin 1958, sous la présidence de M. Pierre Sparr, maire de l’époque, et par délibération, cédait gratuitement au Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre les terrains nécessaires. Une seconde délibération en date du 22 juin 1962 dans laquelle il fut décidé d’ériger la future Nécropole Nationale sur cette “colline du sang” (ou “blutberg” comme dénommée par les troupes allemandes) au lieu-dit “laengert”, à flanc de coteau, orientée de telle sorte que la Nécropole soit visible de la localité, de la vallée de Kaysersberg, de la ville de Colmar, de la plaine du Rhin et de toutes les régions environnantes. Le sommet situé à 358 mètres constitue un point de vue idéal. Par beau temps, il est possible de voir la flèche de la cathédrale de Strasbourg, les Alpes bernoises, la plaine du Rhin et la Forêt-Noire.
Les travaux ont débuté en été 1962 pour se terminer en mai 1965 sur une surface de 3 ha ½ . La Nécropole proprement dite se compose de 48 rangées de tombes implantées sur 12 plates-formes disposées en terrasses arrondies, séparées par une allée principale centrale et de 4 voies latérales montantes, ainsi que de 3 voies horizontales. 1589 tombes de la Première Armée Française (dont 792 de maghrébins et 15 de militaires israélites) ont trouvé place sur cette Nécropole provenant des cimetières communaux disséminés dans les départements du Haut-Rhin, Bas-Rhin, des Vosges et du territoire de Belfort. Ils appartenaient aux 74 Régiments de la Première Armée. La nécropole recouvre 18 285 m2, pour une surface totale de 33 410 m2.
La nécropole a été inaugurée le 2 mai 1965 par M. Sainteny, alors ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en présence de madame la Maréchale de Lattre de Tassigny, épouse du Grand Patron de ces héros. Préfets, généraux, parlementaires, élus et personnalités de la région étaient présents; venus des quatre coins de la France, les sections d’anciens combattants et les familles de ces héros qui ont laissé leur vie pour que la France vive en liberté. La Grande-rue de Sigolsheim, devenue à partir de cette époque rue de la Première Armée, ressemblait le jour de l’inauguration à un fleuve tricolore, formé par les drapeaux des différentes sections patriotiques. On dénombrait environ 15 000 personnes.
Par l’intermédiaire du ministre des anciens combattants et de la commune de Sigolsheim, le pieux dessein du Maréchal de Lattre de Tassigny et de l’association Rhin et Danube est devenu réalité. Ainsi a-t-il été rendu hommage aux lourds sacrifices consentis par la Première Armée en cette terre d’Alsace. Le nombre total des tués de la 1ère Armée fut de 13 874.