“TRÈS SECRET, n°B.X. 15131 – Pour général de Lattre personnellement. Selon instructions du S.H.A.E.F., le général de Lattre est désigné pour participer à la signature de l’acte de capitulation à Berlin, le 8 mai à 13 heures.”
Deux avions emmènent le général accompagné du Colonel Demetz, son chef d’état-major et du Capitaine Bondoux , son chef de cabinet, à Berlin-Tempelhof. Puis rencontre avec le maréchal soviétique Joukov.
En visitant la salle où va se signer la capitulation, le général voit trois drapeaux: le drapeau Rouge soviétique, l’Union-jack britannique et la bannière étoilée américaine. Nulle part ne figurent les couleurs françaises. Le général exige que la France soit présente par son drapeau. Mais nulle part on ne trouve de drapeau français. On en fabrique un, mais les jeunes filles soviétiques cousent les couleurs horizontalement. Cette erreur réparée, notre emblème national est fixé entre ceux de nos alliés.
Chef de la délégation ennemie, le maréchal Keitel aperçoit le général de Lattre: « Ach ! il y a aussi des Français ! Il ne manquait plus que cela », grommelle-t-il,
Dès les signatures terminées, les reporters et photographes agissent. Les chefs alliés se serrent la main et se congratulent.
“Demetz, Bondoux et moi, nous nous serrons longuement, gravement la main. Nous sentons que le moment que nous venons de vivre à Berlin a une signification exceptionnelle : plus encore qu’une revanche, il doit consacrer le dernier acte d’une longue tragédie qui a ensanglanté pendant des générations l’histoire de notre pays.”
Général de Lattre de Tassigny (Histoire de la Première armée française, Plon)